Les associations et organisations non-gouvernementales (ONG) jouent un rôle essentiel dans la promotion des droits des femmes et des filles en Tunisie, œuvrant pour leur émancipation, leur autonomisation et leur inclusion dans la société. Plusieurs ont été les piliers de la lutte pour l'égalité des genres et la reconnaissance des droits des femmes tout en sensibilisant les citoyens sur les questions relatives aux droits des femmes.
Le rôle central des associations et ONG dans l'émancipation et le soutien des femmes en Tunisie
A travers des campagnes de sensibilisation, des ateliers éducatifs et des événements communautaires, ces associations ont comme objectif d’éclairer et d’éduquer la société sur les défis auxquels les femmes sont confrontées au quotidien, notamment en matière d'accès à l'éducation, de santé, d'emploi, de participation politique, etc.
En Tunisie, des organisations non gouvernementales telles que la canadienne « Journalistes pour les droits de l'homme » (JHR), l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD), l'Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur le Développement (AFTURD) et la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH), sont parmi celles qui ont marqué l'histoire en travaillant sans cesse pour les droits des femmes.
Ces organisations non gouvernementales jouent un rôle crucial dans la création de réseaux de soutien pour les femmes. Elles offrent des espaces et plateformes où les femmes peuvent se rassembler, partager leurs expériences, recevoir un soutien émotionnel et échanger des compétences. Ces réseaux sont vitaux pour développer des compétences essentielles pour l'autonomisation économique et sociale, et à assurer une représentation équitable dans les instances décisionnelles.
Exposition « voix des femmes et des filles » : plateforme d’échange entre journalistes et société civile
Dans le cadre des 16 jours d'activisme contre les violences faites aux femmes et en marge de la Journée internationale des droits de l'homme fêtée le 10 décembre 2023, le Bureau tunisien de l’ONG canadienne « Journalistes pour les droits de l'homme » a organisé l’exposition "Voix pour les femmes et les filles", le 9 décembre 2023, à Tunis.
Des artisanes du nord-ouest et du sud de la Tunisie, ont participé à cette exposition, présentant leurs produits issus des industries traditionnelles et de l'artisanat. L'exposition a offert l'opportunité à ses femmes à partager leurs expériences et leurs savoir-faire.
Cet événement s'inscrit dans le cadre du projet "Canada Monde : Voix pour les femmes et les filles", qui est un projet de développement médiatique d’une période de quatre ans et financé par le ministère canadien des Affaires étrangères. Le projet cible les médias, la société civile, les organisations de défense des droits des femmes, les institutions académiques, les décideurs et d'autres parties prenantes clés qui militent en faveur des droits de l'homme.
La directrice du bureau tunisien de la JHR, Aahd Jamaâoui, a précisé que l’objectif principal de cette exposition, est de tisser des liens solides entre le travail effectué par la société civile sur les questions relatives aux femmes et les journalistes. Cette rencontre vise à encourager les journalistes à intégrer les données et les travaux présentés par la société civile dans leurs productions.
Elle a également mentionné que la JHR génère annuellement plus de 220 productions journalistiques sous différents formats (qu’il s’agisse d’articles, podcasts, émissions radiophoniques, forums, etc.) sur la thématique des droits des femmes et des filles, cependant, il y a un manque de données, de statistiques et d'analyses qualitatives, qui sont des informations généralement disponibles uniquement au sein de la société civile. C'est ainsi que l'association JHR, à travers cette initiative, a facilité la création d'une plateforme d'échange entre les journalistes et la société civile. "Notre objectif est de guider les journalistes vers un journalisme de qualité, appuyé sur des données, des faits et des études." confie Aahd Jamaâoui.
Aahd Jamaâoui a tenu à préciser, qu’à travers cette exposition, les associations engagées dans la défense des droits des femmes ont eu l'occasion de partager et de mettre en lumière les diverses initiatives menées en faveur des femmes. Cela incite les journalistes à inclure ces actions dans leurs reportages et productions journalistiques. « Nous espérons qu'elle deviendra une rencontre annuelle, étant donné le niveau de discussion très constructif constaté entre les deux parties », ajoute-telle.
L’exposition a été une occasion de présenter le nouveau livret du média d’investigation « Alqatiba », "نساء تونس نساء ونصف .. ولكن", produit en partenariat avec la JHR. Ce livret a rassemblé de nombreuses productions d’investigations sur des questions concernant les femmes et les filles.
De son côté, l'association « Voix des femmes -Aswat Nisaa » a présenté une étude qui a collecté les perceptions des citoyens sur les travaux des différentes entités de la société civile.
Et enfin, l'association « Kalam » a présenté un exposé sur les droits des femmes et des filles.
Faible participation économique des femmes
La Tunisie occupe la quatrième place en termes d'égalité entre les genres dans la région MENA et se positionne au 63e rang mondial selon le rapport de développement humain de 2019. Cependant, malgré les progrès réalisés, des défis subsistent en Tunisie. La participation économique des femmes demeure très limitée. Elles continuent de faire face à la discrimination et à des barrières lorsqu'elles cherchent à s'intégrer dans le domaine des affaires. Chiffres à l’appui : le taux de participation des femmes au marché du travail ne dépasse pas 28% et le taux de chômage a atteint 25% en 2020. (Statistiques banque mondiale, 2020).
Les ressources limitées, les obstacles culturels et les résistances au changement constituent des barrières à surmonter pour la société civile. Il est donc impératif de renforcer le soutien financier et institutionnel aux associations et ONG, pour qu'elles puissent continuer à mener à bien leurs missions. Les médias, doivent de leur côté, assurer une couverture médiatique plus large et équitable des défis auxquels font face les femmes et les filles.
Souhir Lahiani