Dans le cadre de la journée mondiale de lutte anti-tabac organisé chaque année 31 Mai, la plateforme médicale Med.tn a organisé jeudi 06 Juin 2024, une table ronde scientifique animée par deux éminents médecins sur le thème ''la lutte anti-tabagisme, approche et stratégie à adopter pour limiter l’accès aux non-fumeurs ''.
Dr Slim TAMBOURA, médecin généraliste a ouvert le débat en soulignant la complexité de la dépendance aux cigarettes ainsi que l’importance de la sensibilisation et l’éducation précoce des jeunes, de manière qu’ils développent des mécanismes de défense et protection pour ne pas tomber dans le tabagisme tout autant actif que passif.
Abordant l’aide à la cession de fumer, Dr Tamboura a déclaré '' il faut faciliter l'accès aux traitements de substitution nicotinique et aux conseils professionnels. Il y’ a différentes méthodes de sevrage qui ont prouvé leur efficacité tels que les consultations psychologiques, l’acupuncture, l’utilisation de patchs nicotinique ou encore le tabac chauffé''. Il est à préciser que le tabac chauffé en tant que meilleure alternative à la cigarette n’est pas destiné aux personnes qui n'ont jamais fumé, aux personnes qui ont déjà arrêté, ou toute personne n’ayant pas atteint l’âge légal pour consommer du tabac et de la nicotine. Il a ajouté « Malheureusement, l’accès à ces alternatives est limité au grand public, l’État Tunisien ne peut pas les prendre en charge gratuitement pour des raisons financières, entrainant un laisser pour compte des malades qui se sentent seuls et découragés face à ce long combat contre le tabagisme''.
Intervenant sur le même sujet, Dr. Dhaker LAHIDHEB, spécialiste en Cardiologie et ancien professeur à la faculté de Médecine de Tunis et à l’Hôpital Militaire, est revenu sur les moyens de sevrage en encourageant le recours aux produits alternatifs pendant une période déterminée pour arrêter la cigarette, suggérant qu’au cours des dernières années, la cigarette électronique s’est imposée comme un moyen valable pour réduire les méfaits de la cigarette conventionnelle sur la santé et permet entre autres et dans une certaine mesure de limiter les effets du tabagisme passif. En effet, contrairement à la fumée de cigarette traditionnelle, la vapeur produite par la cigarette électronique contient généralement moins de substances toxiques, ce qui suggère qu'elle peut présenter un moindre risque pour les personnes exposées à cette vapeur dans l'air.
Il a déclaré ''Selon plusieurs études scientifiques, dont celle de l’American Heart Association menée sur plus de 24000 participants et publiée dans la revue médicale Circulation en mai 2022, par rapport au tabagisme, l’utilisation de l’e-cigarette était associée à un risque de maladie cardiovasculaire inférieur jusqu’à 40 %. Toutefois, les adultes qui vapotent et fument en parallèle présentaient quasiment les mêmes risques de développer une maladie cardiovasculaire que les fumeurs ''. Il a ajouté '' Toutefois, si un fumeur choisit la cigarette électronique afin d’arrêter de fumer, il est préférable d'opter pour un taux de nicotine adapté à ses besoins afin de ne pas retomber dans les cigarettes conventionnelles durant sa phase de transition à la vape ''.
Dr Lahidheb a insisté sur la nécessité de permettre l’accès des fumeurs à différents dosages de nicotine sur le long terme, pour qu’ils puissent diminuer progressivement leur consommation tout en les mettant en garde contre les différents emballages attractifs et couleurs qui risquent de faire un effet inverse. Le but est d’arrêter de fumer et non de remplacer la cigarette conventionnelle par la cigarette électronique.
Selon Dr Lahidheb, le coût que l’État supporte en soins et en perte de productivité à cause des maladies liées au tabagisme dépasse largement celui de la mise des substituts nicotiniques comme les gommes, les patchs, à disposition des fumeurs qui souhaitent se sevrer. Les alternatives ne peuvent être résumées aux seuls dispositifs nicotiniques mais c’est aussi les cabinets d’aide au sevrage, l’acupuncture, l’hypnose… chaque fumeur est unique et nécessite une approche différente. La lutte contre le tabagisme doit être une stratégie d’État, les spécialistes et chercheurs peuvent proposer, suggérer des idées mais l’action doit être institutionnalisée.
En conclusion, nos experts ont mis en avant une approche globale pour encourager l’arrêt du tabac, mettant l’accent sur l’importance de la sensibilisation pour lutter contre le tabagisme, en éduquant les nouvelles générations dès leurs jeunes âges, posant ainsi les bases d’une société informée et résiliente face à cette menace pour la santé publique.