Lors de la deuxième journée du forum, l’homme de théâtre tunisien Taoufik Jebali a captivé un public nombreux de professionnels en partageant son expérience avec franchise et audace. Né en 1944, Jebali, après avoir exercé plusieurs métiers, s’est tourné vers le théâtre par nécessité. Aujourd’hui, malgré son statut emblématique, il se définit comme un « homme de théâtre qui n’est pas », critiquant ouvertement certaines attitudes du public et la nouvelle génération d’artistes tunisiens.
Abordant des thèmes comme la langue comme mur de séparation et la censure inefficace, Jebali a dénoncé les interprétations hâtives du public et les divisions parmi les critiques, affirmant : « Je ne cherche pas à plaire au public… Moi, j’aime être ce raté ». Il a également regretté le manque de vision et de structure dans le théâtre tunisien contemporain. La rencontre a été modérée par le critique Lotfi Arbi Senoussi.
La journée a également permis de découvrir des expériences internationales, comme Maria Adelaïde Palacio, universitaire et metteuse en scène colombienne, qui a présenté son approche interactive centrée sur le quotidien et le projet « Sortir dans la rue n’est pas la fin du monde » (2022), et Kulov Timur, metteur en scène russe, qui a souligné le rôle crucial de la formation et du talent dans le théâtre pour enfants et adultes.
Enfin, l’absence pour raison de santé d’Ezzeddine Madani, maître du théâtre arabe et tunisien, a été honorée par des présentations détaillées de son œuvre et de son engagement pour la langue arabe et le patrimoine littéraire, malgré la censure et les critiques.
Le forum a également rendu hommage aux artistes de Gaza, saluant leur persévérance et leur rôle de résistance à travers le théâtre, comme l’a souligné l’Italien Fabio Tolledi, invité par Adel Bouallègue pour présenter un projet impliquant la ville du Kef.