C’est une grande figure de la lutte pour l’émancipation des femmes dans le monde arabe qui s’est éteinte ce dimanche. Nawal el-Saadawi a écrit une cinquantaine d’ouvrages, traduits dans une trentaine de langues, et n’a jamais mâché ses mots. Au contraire, elle abordait de nombreux sujets tabous, avec son franc-parler, et revendiquait des idées largement à contre-courant de la société égyptienne conservatrice, qu’elle a quittée plusieurs fois pour avoir reçu des menaces de la part d’islamistes radicaux.
Cette psychiatre de formation, à la silhouette frêle et au sourire chaleureux, était notamment l’autrice d’ouvrages féministes qui ont fait date, comme la Femme et le Sexe.
Elle s’est toujours prononcée contre la polygamie, le port du voile islamique, l’inégalité des droits de succession entre hommes et femmes en islam et surtout l’excision, qui concerne plus de 90 % des Egyptiennes.
Des positions qui lui ont valu de nombreuses critiques, en plus des menaces. En 2007, l’institution théologique Al-Azhar, l’une des plus prestigieuses de l’islam sunnite, avait porté plainte contre elle pour atteinte à l’islam. Un mois plus tôt, son autobiographie et l’une de ses pièces de théâtre avaient été bannies de la foire du livre du Caire.