Dans l’écrin vibrant de la salle du 4ème Art à Tunis, le Théâtre National Tunisien (TNT) a célébré la Journée Mondiale du Théâtre en liesse. Placée sous l’égide du Ministère des Affaires Culturelles, cette soirée exceptionnelle s’est déroulée en présence de la ministre des affaires culturelles Amina Srarfi ainsi qu’une pléiade d’artistes, d’intellectuels et de journalistes, venus saluer la puissance intemporelle du théâtre.
Cette célébration a coïncidé avec la clôture de la troisième édition de l’événement « Tunis, Théâtres du Monde », qui a mis en lumière le rôle du théâtre face aux bouleversements contemporains. Discours officiels, performances théâtrales et musicales, hommages aux figures emblématiques du théâtre tunisien : autant de moments forts qui ont rythmé cette soirée, chargée de mémoire et d’engagement.
Le théâtre, un acte de résistance
Dans son allocution, le directeur général du Théâtre National Tunisien, Moez Mrabet, a souligné l’importance du théâtre comme outil de lutte et de réflexion, capable d’éclairer les tourments de l’humanité et d’opposer à la violence du monde la force du verbe et de la scène.
« Le théâtre est né de la contestation. Depuis ses origines antiques, il est le miroir des injustices et le cri des peuples opprimés. Aujourd’hui plus que jamais, il doit demeurer un bastion de liberté et un rempart contre l’oubli. »
Il a également mis en exergue l’engagement du théâtre tunisien pour les grandes causes humaines, réaffirmant sa solidarité avec le peuple palestinien. Il a dénoncé avec force les crimes de l’occupation réitérant le soutien à l’établissement d’un Etat palestinien libre et indépendant, avec Al-Qods comme capitale.
« Le théâtre ne peut être indifférent à la souffrance du monde. Il a toujours été aux côtés des opprimés, portant leur voix au-delà des frontières ».
Un message universel pour l’avenir du théâtre
Comme chaque année, la célébration a été marquée par la lecture du message officiel de la Journée Mondiale du Théâtre, rédigé cette fois par Theodoros Terzopoulos, metteur en scène grec de renommée internationale. Ce texte, traduit en arabe par le critique et journaliste tunisien Lotfi Larbi Snoussi et lu par l’artiste Noureddine Ouerghi, a résonné comme un appel à repenser le rôle du théâtre dans un monde façonné par le numérique et l’accélération technologique.
Terzopoulos a interrogé la place du théâtre dans une époque où les interactions humaines sont dématérialisées, où la consommation immédiate semble prendre le pas sur la contemplation. Il a aussi évoqué les défis environnementaux, appelant à un théâtre qui s’engage dans la lutte contre le réchauffement climatique et les catastrophes écologiques.
Hommages aux figures du théâtre tunisien
Dans un geste de reconnaissance, le Théâtre National Tunisien, en collaboration avec l’Organisme Tunisien des Droits d'Auteur et des Droits Voisins (OTDAV) et le Ministère des Affaires Culturelles, a rendu hommage à plusieurs figures du théâtre tunisien : Nejia Ouerghi, Halima Daoud, Abdelaziz Meherzi et Raouf Ben Yaghlane.
Une soirée entre théâtre et musique
La célébration s’est poursuivie avec la représentation de « Malédiction » (Ettabâa) de Taoufik Jebali, une fresque théâtrale où la satire et la poésie s’entrelacent pour interroger la frontière entre pouvoir et illusion. La soirée s’est achevée sur des notes musicales avec une performance de la chanteuse Ishraq Matar, accompagnée au piano par Ilyes Blagui, offrant une parenthèse envoûtante à cette nuit dédiée au quatrième art.
Ainsi, à travers cet événement, le Théâtre National Tunisien réaffirme son rôle de gardien de la mémoire, de la parole et de l’engagement, ancré dans son temps mais toujours tourné vers l’universel.