Culture et art

Trois voix féminines Tunisiennes au Festival d’Avignon

 Le 15 juillet 2025, le Festival d’Avignon a consacré une nuit exceptionnelle à la langue arabe, invitée d’honneur de cette 79e édition. Baptisé « NOUR », cet événement pluridisciplinaire a réuni sur la scène de la cour du lycée Saint-Joseph des artistes venus de tout le monde arabe et au-delà, pour célébrer une langue plurielle, poétique, résistante et incarnée. Parmi cette constellation de talents, trois artistes tunisiennes ont marqué la soirée par leur présence aussi lumineuse que singulière : Nawel Ben Kraïem, Emel Mathlouthi et Lobna Noomene.

Nawel Ben Kraïem : la parole engagée
Comédienne, autrice, chanteuse, Nawel Ben Kraïem a livré une performance poignante et résolument engagée. Sa poésie, qui traverse les frontières de la chanson et du théâtre, a mis à nu une langue arabe en tension, traversée par l’exil, la mémoire et le feu du monde. En mêlant l’arabe et le français, elle a donné voix à une Palestine poétique et politique, où le mot devient un refuge, une arme, une présence.
Emel Mathlouthi : la voix de la révolte et de la grâce
Connue pour ses chants puissants nés dans la fièvre de la révolution tunisienne, Emel Mathlouthi a offert au public une performance musicale empreinte de spiritualité, de lutte et de beauté. Sa voix ample et habitée, posée sur des compositions à la fois traditionnelles et contemporaines, a rendu hommage à une langue arabe mystique et insurgée, vibrante et libre. Elle a incarné, à elle seule, l’alliance du sacré et du politique.
Lobna Noomene : la performance au cœur du corps et de la langue
 
Figure montante de la scène performative, Lobna Noomene a proposé un geste artistique fort, entre danse, texte et art visuel. Sa manière d’habiter la langue, de la faire résonner dans le corps, d’en jouer les silences et les éclats, a donné à voir une langue arabe en mouvement, sensuelle, irrévérencieuse, émancipée. Sa performance a su créer un espace où la féminité tunisienne s’invente librement, en dehors des cadres attendus.
Ensemble, ces trois Tunisiennes ont incarné, chacune à sa manière, la richesse de la création contemporaine issue du monde arabe, et plus encore, la puissance d’une langue partagée: celle de l’engagement, de la beauté, de la résistance. Dans cette nuit “NOUR”, elles ont non seulement rendu hommage à la langue arabe dans ses multiples états, mais ont aussi affirmé le rôle essentiel des femmes artistes dans la transmission et la réinvention des imaginaires collectifs.
À Avignon, leur présence n’était pas seulement symbolique : elle était nécessaire.